Retraite de Carême, 5ème médiation

« Espérer au-delà de toute espérance. » Dernière rencontre.

« Il viendra dans la gloire.« 

« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.

O Seigneur, que je ne cherche pas tant à
être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.

Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »

Saint François d’Assise

Nous avons cheminé avec le Christ tout au long de ce Carême ; il est venu à notre rencontre sur le chemin où parfois nous nous décourageons, à cause des difficultés que nous rencontrons dans notre vie de famille, notre vie de foi, au travail. Les épreuves peuvent nous empêcher d’espérer. Jésus nous rejoint ; il nous demande de quoi nous discutons, quelles sont nos préoccupations. Jésus nous écoute, il prend sur lui ce qui nous pèse : « Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi je vous procurerai le repos. »

Il écoute puis il nous parle ; il rallume en nous le feu de la foi par sa Parole qui est une semence qui porte vie, une semence en nous qui nous donne de porter du fruit. Nous ne devons pas laisser les soucis étouffer en nous l’espérance que fait naître la Parole du Seigneur, sa présence à nos côtés. Jésus marche à nos côtés : « je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. »

La présence du Christ nous permet d’aller plus loin, de voir plus loin. Le don de la foi est source d’espérance et donc nous sommes rendus capables de voir au-delà des apparences, de voir la présence du Ressuscité dans ce monde, voir son amour agir dans le cœur des hommes et dans l’histoire. Cette force qui nous est donnée, cette présence en nous, cette lumière, nous ne pouvons pas les garder pour nous ; la foi, l’espérance, se manifeste de façon concrète dans la mission qui est l’amour en acte. Ce que nous avons reçu, nous le transmettons ; « Malheur à moi si je n’annonce pas l’évangile ! » Pour vivre la mission, Jésus nous donne la feuille de route, il nous montre le chemin. Là encore, il ne nous laisse pas seul.

Mais quel est le moteur de l’espérance ? Qu’est ce qui a poussé Abraham à quitter son pays, la maison de son père, pour partir dans un pays inconnu, pour tout quitter et recommencer ? Espérant au-delà de toute espérance, il est parti. Il a cru en la promesse de Dieu, promesse d’une terre nouvelle, d’une nombreuse postérité, promesse de la bénédiction de Dieu.

Notre espérance s’enracine bien sûr dans la résurrection du Christ, dans notre foi au Christ ressuscité. La résurrection a bouleversé l’histoire de l’univers, notre propre histoire. Celui qui est la Vie a été plongé dans la mort ; la mort n’a pas résisté. Satan est vaincu et désormais il fuit. Pourtant, nous le savons, nous le vivons, le mal perdure, il s’acharne, il s’incruste sans cesse dans nos vies, dans notre quotidien. Il semble de plus en plus fort et la Parole du Christ de plus en plus lointaine, comme un souvenir oublié ou une pièce de musé. Ce gouffre abyssal entre l’évangile du Christ et la vie des hommes peut nous donner le vertige.

Alors, est ce que cela veut dire que notre espérance est vaine, que, finalement, nous sommes dans l’illusion, dans un rêve ? « Et nous nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël… »

Si nous pensons ainsi, nous sommes comme nos deux disciples d’Emmaüs qui retournent à leur ancienne vie parce qu’ils croient que tout est fini. N’oublions pas la Parole qui entretient le feu de la foi. N’oublions pas qu’elle est semence de vie. N’oublions pas que la foi au Christ nous permet de voir plus loin, de voir plus haut, de voir ce qui vient. Ecoutons ce que produit la foi…

LETTRE AUX HÉBREUX 11

« 01 La foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas.

02 Et quand l’Écriture rend témoignage aux anciens, c’est à cause de leur foi.

03 Grâce à la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par une parole de Dieu, et donc ce qui est visible n’a pas son origine dans ce qui apparaît au regard.

06 Or, sans la foi, il est impossible d’être agréable à Dieu ; car, pour s’avancer vers lui, il faut croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent.

07 Grâce à la foi, Noé, averti de choses encore invisibles, accueillit cet oracle avec respect et construisit une arche pour le salut de sa famille.

08 Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait.

09 Grâce à la foi, il vint séjourner en immigré dans la Terre promise, comme en terre étrangère ; il vivait sous la tente, ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers de la même promesse, 10 car il attendait la ville qui aurait de vraies fondations, la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte.

11 Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses.

…16 En fait, ils aspiraient à une patrie meilleure, celle des cieux.

… 27 Grâce à la foi, Moïse quitta l’Égypte sans craindre la colère du roi ; il tint ferme, comme s’il voyait Celui qui est invisible.

… 33 Par leur foi, les prophètes ont conquis des royaumes, pratiqué la justice, obtenu la réalisation de certaines promesses. Ils ont fermé la gueule des lions,

34 éteint la flamme des brasiers, échappé au tranchant de l’épée, retrouvé leurs forces après la maladie, montré du courage à la guerre, mis en fuite des armées étrangères.

12 ; 01 Ainsi donc, nous aussi, entourés de cette immense nuée de témoins, et débarrassés de tout ce qui nous alourdit – en particulier du péché qui nous entrave si bien –, courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée,

02 les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix en méprisant la honte de ce supplice, et il siège à la droite du trône de Dieu. »

Magnifique texte, à méditer sans cesse ; celle longue litanie qui nous montre ce que des hommes, des femmes ont pu réaliser, grâce à la foi. La foi est source d’espérance ; parce que je crois, j’espère.

Tous espéraient ; ils espéraient une nouvelle patrie, la postérité, la justice, un monde meilleur. Grâce à la foi ils n’ont pas laissé le mal prendre le dessus. Grâce à la foi, ils ont vu plus loin, ils ont vu l’à venir.

Et nous, qu’espérons-nous ? Que dit notre foi qui est source d’espérance ?

Souvenez-vous des paroles de Jésus : « Voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. » Le royaume de Dieu est présent déjà en ce monde ; et pourtant, il n’est pas encore pleinement révélé. Il ne le sera qu’à la fin des temps. Être capables de voir le règne de Dieu présent en ce monde est source d’espérance ; il faut aiguiser son œil, ses sens pour percevoir Dieu présent au milieu de nous ; cela se fait grâce à la prière, aux sacrements, à cette relation intime que nous avons avec le Seigneur. Le royaume est là comme un grain de blé mais nous croyons que ce grain de blé est porteur d’une vie extraordinaire, une vie, qui, le moment venu, va se déployer. Notre espérance se fonde dans la venue du Christ dans la gloire, à la fin des temps.

C’est pour nous une certitude, une donnée de foi : « il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts, et son règne n’aura pas de fin. » Jésus parle de ce temps de la fin, à plusieurs reprises : chez Mathieu, tout le chapitre 24 et le chapitre 25, je vais y revenir. Que dire encore du livre de l’Apocalypse de Saint Jean qui est tout entier orienté vers la venue du Christ à la fin des temps, une venue glorieuse qui sera précédé d’un véritable combat, le dernier, entre le bien et le mal.

Voici ce que dit le Catéchisme de l’Eglise Catholique sur le sujet : Article 7

 » D’OU IL VIENDRA JUGER LES VIVANTS ET LES MORTS « 

I. Il reviendra dans la gloire

670. Depuis l’Ascension, le dessein de Dieu est entré dans son accomplissement. Nous sommes déjà à  » la dernière heure  » (1 Jn 2, 18 ; cf. 1 P 4, 7).  » Ainsi donc déjà les derniers temps sont arrivés pour nous. Le renouvellement du monde est irrévocablement acquis et, en toute réalité, anticipé dès maintenant. 

… en attendant que tout Lui soit soumis

671. Déjà présent dans son Église, le Règne du Christ n’est cependant pas encore achevé  » avec puissance et grande gloire  » (Lc 21, 27 ; cf. Mt 25, 31) par l’avènement du Roi sur la terre. Ce Règne est encore attaqué par les puissances mauvaises (cf. 2 Th 2, 7) même si elles ont été déjà vaincues à la base par la Pâque du Christ.

Les chrétiens prient, surtout dans l’Eucharistie (cf. 1 Co 11, 26), pour hâter le retour du Christ (cf. 2 P 3, 11-12) en lui disant :  » Viens, Seigneur  » (1 Co 16, 22 ; Ap 22, 17. 20).

672. Le Christ a affirmé avant son Ascension que ce n’était pas encore l’heure de l’établissement glorieux du Royaume messianique attendu par Israël (cf. Ac 1, 6-7) qui devait apporter à tous les hommes, selon les prophètes (cf. Is 11, 1-9), l’ordre définitif de la justice, de l’amour et de la paix. Le temps présent est, selon le Seigneur, le temps de l’Esprit et du témoignage (cf. Ac 1, 8), mais c’est aussi un temps encore marqué par la  » détresse  » (1 Co 7, 26) et l’épreuve du mal (cf. Ep 5, 16) qui n’épargne pas l’Église (cf. 1 P 4, 17) et inaugure les combats des derniers jours (cf. 1 Jn 2, 18 ; 4, 3 ; 1 Tm 4, 1). C’est un temps d’attente et de veille (cf. Mt 25, 1. 13 ; Mc 13, 33-37).

L’avènement glorieux du Christ, espérance d’Israël

673. Depuis l’Ascension, l’avènement du Christ dans la gloire est imminent (cf. Ap 22, 20) même s’il ne nous  » appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa seule autorité  » (Ac 1, 7 ; cf. Mc 13, 32). Cet avènement eschatologique peut s’accomplir à tout moment (cf. Mt 24, 44 ; 1 Th 5, 2) même s’il est  » retenu « , lui et l’épreuve finale qui le précédera (cf. 2 Th 2, 3-12).

L’Épreuve ultime de l’Église

675. Avant l’avènement du Christ, l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants (cf. Lc 18, 8 ; Mt 24, 12). La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre (cf. Lc 21, 12 ; Jn 15, 19-20) dévoilera le  » mystère d’iniquité  » sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité. L’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair (cf. 2 Th 2, 4-12 ; 1 Th 5, 2-3 ; 2 Jn 7 ; 1 Jn 2, 18. 22).

677. L’Église n’entrera dans la gloire du Royaume qu’à travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection (cf. Ap 19, 1-9). Le Royaume ne s’accomplira donc pas par un triomphe historique de l’Église (cf. Ap 13, 8) mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal (cf. Ap 20, 7-10) qui fera descendre du Ciel son Épouse (cf. Ap 21, 2-4). Le triomphe de Dieu sur la révolte du mal prendra la forme du Jugement dernier (cf. Ap 20, 12) après l’ultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe (cf. 2 P 3, 12-13).

Vous devez penser : « c’est ça la source de notre espérance ? On dirait le scénario d’un film d’horreur ! » Oui mais là encore, qui a-t-il au-delà de ce combat qui a déjà commencé ? La victoire du Christ. Ce que le Christ a vécu en sa chair, l’Eglise qui est son corps, le vivra aussi. Il y aura la Passion, puis la résurrection.

Romain 8, 18 : « J’estime, en effet, qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire qui va être révélée pour nous.

19 En effet, la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu.

20 Car la création a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l’espérance

21 d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu.

22 Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore.

23 Et elle n’est pas seule. Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps.

24 Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance ; voir ce qu’on espère, ce n’est plus espérer : ce que l’on voit, comment peut-on l’espérer encore ? »

Oui nous devons espérer, les yeux fixés vers l’orient, là où le soleil se lève parce que le Christ vient.

Mais en attendant, que devons-nous faire ? Si nous avons vu lundi dernier que notre mission est d’annoncer le Royaume par toute notre vie, Jésus nous dit l’état d’esprit dans lequel nous devons être, ce que nous devons vivre : Jésus nous a donné les paraboles du Royaume : celle des 10 jeunes filles pour nous inviter à veiller, celle des talents pour nous inviter à faire fructifier les dons de Dieu, celle des brebis et des chèvres qui nous invite à vivre la charité de façon concrète.

Veillée dans la prière, mettre au service des autres ce que nous avons reçu, aimer, dans les petites choses de la vie quotidienne, sachant que donner un verre d’eau avec amour peut nous ouvrir les portes du ciel, voilà le beau programme que nous propose le Christ. Voilà ce qui nous comble de joie, parce que nous sommes faits pour être en relation avec le Seigneur et témoigner de lui par la charité. Nous sommes faits pour nous donner et non pour prendre.

Le Christ vient ; voilà notre foi, la source de notre espérance, le moteur de la charité. Nous n’avons rien à craindre, ni des hommes, ni du jugement de Dieu parce que celui qui aime n’a rien à craindre. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. Venez, les bénis de mon Père, recevez le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. »

Espérant au-delà de toute espérance, parce que nous croyons et parce que nous aimons ; l’amour nous fait gouter le Royaume, il nous fait entrer dans l’éternité. L’amour se vit maintenant ; le temps de Dieu, c’est le présent. Nous n’avons que notre vie pour aimer ; et notre vie, elle se vit aujourd’hui. Le passé est passé, l’avenir, nous ne le maîtrisons pas. Ce qui est à notre porté, c’est aujourd’hui. Donc, vivons chaque aujourd’hui et ne perdons pas de temps pour aimer.  Ne nous décourageons pas face aux épreuves, face à nos misères, ou à celles des autres. Nous allons bientôt fêter notre libération ; elle nous laisse entrevoir notre avenir, l’avenir de l’humanité. Prions pour que nos frères et sœurs facent eux-aussi l’expérience de la présence du Christ dans leur vie, pour qu’eux aussi espèrent et cessent de se laisser écraser par le désespoir qui les conduit à des actes mortifères, à la destruction. Prier et annoncer, simplement, humblement, parce que nous espérons.

1. Ma vie n’est qu’un instant, une heure passagère
Ma vie n’est qu’un seul jour qui m’échappe et qui fuit
Tu le sais, ô mon Dieu ! pour t’aimer sur la terre
Je n’ai rien qu’aujourd’hui !…

2. Oh ! je t’aime, Jésus ! vers toi mon âme aspire
Pour un jour seulement reste mon doux appui.
Viens régner dans mon coeur, donne-moi ton sourire
Rien que pour aujourd’hui !

3. Que m’importe, Seigneur, si l’avenir est sombre ?
Te prier pour demain, oh non, je ne le puis !…
Conserve mon coeur pur, couvre-moi de ton ombre
Rien que pour aujourd’hui.

4. Si je songe à demain, je crains mon inconstance
Je sens naître en mon coeur la tristesse et l’ennui.
Mais je veux bien, mon Dieu, l’épreuve, la souffrance
Rien que pour aujourd’hui.

5. Je dois te voir bientôt sur la rive éternelle
O Pilote Divin ! dont la main me conduit.
Sur les flots orageux guide en paix ma nacelle
Rien que pour aujourd’hui.

13.Seigneur, je veux te voir, sans voile, sans nuage,
Mais encore exilée, loin de toi, je languis
Qu’il ne me soit caché, ton aimable visage
Rien que pour aujourd’hui.

14. Je volerai bientôt, pour dire tes louanges
Quand le jour sans couchant sur mon âme aura lui
Alors je chanterai sur la lyre des Anges
L’Eternel Aujourd’hui !…

Je n’ai rien qu’aujourd’hui de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus

P. Stéphane

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